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Bère triple : voici une dénomination que l’on a pour habitude de voir sur nos bouteilles, surtout lorsque l’on se tourne vers les bières belges. Gage de qualité aux yeux du public, les bières triples sont en général extrêmement plébiscitées.
C’est d’ailleurs l’un des styles de bière les mieux notés lors des dégustations à l’aveugle par les spécialistes ! Cette notion, appliquée essentiellement à des bières blondes et des bières brunes, n’en demeure pas moins relativement floue dès que l’on se questionne sur ce qu’elle signifie précisément.
À quoi correspond cette appellation triple ? Est-ce que cela signifie qu’il y a strictement trois fois plus de malt que dans une bière “normale” ? On entend aussi dire que ce “triple” signifie que la bière aurait reçu trois fermentations, mais qu’en est-il réellement ?
Nous avons décortiqué toutes les variations autour de ce “triple”. Et vous verrez, cela est en réalité bien plus subtil, subjectif et aléatoire qu’il n’y paraît…
Bière triple malt, oui, mais pas x3
Aux origines des bières triples, on trouve… les bières d’Abbaye ! Lorsque les moines brassaient, ils réalisaient plusieurs recettes en fonction des occasions.
- LES SIMPLES : les plus légères en densité et en alcool, qui étaient destinées au moines. Elles portaient le nom de “petites bières” ou “bières de table”.
- LES DOUBLES : aussi appelées Dubbel ou encore “double grains”, que les moines faisaient avec plus de malt, pour un résultat plus dense et plus alcoolisé (autour de 7°).
- LES TRIPLES : des bières “tripel” ou triple grain, avec encore plus de malt et donc plus d’alcool (autour de 9°), destinées aux convives.
En réalité, les termes “simple”, “double” et “triple” pour désigner une bière ne sont pas à prendre au sens littéral : une triple ne contient pas 3 fois plus de malt qu’une simple. Cela donnerait une boisson beaucoup trop épaisse et difficilement buvable !
Ces notions sont juste une gradation permettant de différencier 3 “grandes familles” en fonction des niveaux de densité et d’alcool au sein d’une même gamme. D’ailleurs, pour augmenter l’ABV, les brasseurs ajoutent parfois du sucre (du glucose) à leurs recettes de double ou de triple. La quantité de malt n’est ainsi pas toujours la seule à entrer en jeu.
Aucune réglementation ne détermine comment une double ou une quadruple doit être brassée ! À chaque brasseur de positionner sa bière simple, double, triple ou quadruple dans la catégorie qui répondra au mieux aux critères habituels de chacun des styles.
Les notions de “bière simple”, “bière double”, “bière triple” et même “bière quadruple” renvoient à quatre grands styles de bières : des plus légères et désaltérantes aux plus alcoolisées, denses, céréalières et puissantes.
Bière triple fermentation : une notion qui fait débat
Maintenant, enfilez vos bottes et restez bien attentifs : dans ce chapitre, on s’engage sur un terrain glissant ! En effet, la notion de “triple fermentation” est un sujet qui fait débat parmi les zythologues, les puristes et les brasseurs.
Il existe en effet 2 façons de voir les choses. D’un côté, les brasseurs qui font réellement fermenter leurs bières une troisième fois après la fermentation primaire et secondaire. Et de l’autre, ceux qui considèrent que le simple fait de les faire vieillir en cave a valeur de seconde fermentation.
Ainsi, certains brasseurs appliquent bel et bien une troisième fermentation à leurs petites mousses ! Par l’ajout de sucre et/ou de levures juste avant la mise en bouteille, ils parviendront à relancer un processus de fermentation de façon à enrichir et complexifier davantage les arômes et obtenir des bières plus fortes.
C’est le cas des “bières sur levure” et de certaines bières d’abbaye. De la sorte, le terme de “triple fermentation” tombe sous le sens.
Garde sans ajouts = refermentation ?
Mais, pour d’autres brasseurs, une bière de garde ou ayant séjourné un certain temps en cave aura naturellement subi une “refermentation en bouteille” durant son temps de garde. Sauf que, dans ce contexte, cette “refermentation” n’en est en réalité pas vraiment une…
Car les levures auront (presque) entièrement agi lors des deux premières fermentations ! La bière aura certes vieilli, mais pas, ou très peu, refermenté. Parler ici de refermentation est un peu exagéré.
Il s’agirait plutôt d’un argument marketing ! A l’heure actuelle, aucune réglementation n’est en place. Libre à chacun de dire que sa bière a subi une troisième fermentation durant son temps de garde…
Tripel Karmeliet, Duvel Tripel… ôtez-moi d’un doute
Attention à ne pas s’emmêler les pinceaux avec la Duvel Tripel Hops, où Tripel renvoie ici à autre chose encore… Les houblons !
La Duvel Triple Hops est une blonde forte dont toute la puissance aromatique repose sur une sélection des trois houblons Saaz, Styrian Golding et Citra. Il n’est aucunement question de malt ni de fermentation ici.
Méfiance aussi avec la Tripel Karmeliet. Même si sa teneur en alcool et sa rondeur ont tout d’une triple classique, son “Tripel” fait en premier lieu référence à son malt composé de 3 céréales : froment, avoine et orge.
Ainsi, le qualificatif “triple” présent sur les étiquettes peut aussi bien faire référence à une forte teneur en malt qu’à une refermentation en bouteille. De cette façon, on peut trouver des doubles à triple fermentation tout comme des triple à double fermentation !
Quoi qu’il en soit, que vos bières aient reçu triple dose de malt ou aient été refermentées une troisième fois, retenez que, d’une façon générale et pour simplifier, vous aurez affaire à une bière dense, ronde, complexe et au fort degré d’alcool.
C’est d’ailleurs sûrement pour ces similitudes dans le résultat obtenu qu’il existe autant de confusion. La suite de l’expérience de dégustation se fait évidemment au cas par cas : à vous d’identifier vos bières triples favorites !
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